- Interview exclusive
- Bruno Rigutto
- Histoire & Documents
- "Ma charmante et parfaite interprète". Henriette Faure (1904-1985)
- Emile Guilels par lui-même
- Les cinq mains de György Cziffra. Live au Théâtre des Champs-Elysées, 29 janvier 1960
- Monique de La Bruchollerie, ou le souvenir français
- Lazare-Lévy : Enregistrements inédits (1950-1963)
- Hyperion - APR. Entretien avec Michaël Spring et Simon Perry
- Pianistes de légende. Documents historiques Meloclassic
- Hommage à Odette Gartenlaub (1922-2014)
- les Technische Studien, chemin vers la technique de Liszt ?
- Événement
- Nicholas Angelich joue les Goldberg
- Dossier
- les conseils d'un technicien pour acheter et entretenir votre piano
- Entretiens
- les grands pianistes de notre temps interviewés par Frédéric Gaussin
:
- Piotr Anderszewski
- Nicholas Angelich
- Paul Badura-Skoda
- Giovanni Bellucci
- Boris Berezovsky
- Philippe Cassard
- France Clidat
- Simone Dinnerstein
- David Fray
- Nelson Freire
- Nelson Goerner
- Eugen Indjic
- Evgueni Kissin
- Danielle Laval
- Jean-Marc Luisada
- Murray Perahia
- Menahem Pressler
- Jerome Rose
- Fazil Say
- Anna Vinnitskaya
- Arcadi Volodos
- Jeunes talents
- Sélections Youtube
-
- Arturo Benedetti Michelangeli dans 2 sonates de Scarlatti
- Claudio Arrau dans Jeux d'eau à la Villa d'Este de Liszt
Claudio Arrau dans Jeux d'eau à la Villa d'Este de Liszt
commentée par Bertrand Boissard et Frédéric Gaussin
La partition peut être téléchargée en cliquant ici
(clic droit et enregistrer sous sur windows ou ctrl clic sur mac)
M P :
Pour notre première sélection Youtube en ce début d'année 2011 – année de la célébration du bicentenaire de la naissance de Liszt – je vous propose que l'on commente une vidéo du pianiste chilien Claudio Arrau, disciple de Martin Krause (lui-même disciple de Liszt), qui interprétait en concert Jeux d'eau à la Villa d'Este pour son 80e anniversaire.
M P :
Quelles sont vos impressions générales sur cette interprétation ?
Frédéric Gaussin :
C'est un maître en pleine possession de ses moyens dont la vision musicale transcende les contingences digitales.
Bertrand Boissard :
Sa sonorité est toujours aussi royale, de bronze, et fait la géniale originalité de ce pianiste au 20e siècle. Une sonorité reconnaissable entre toutes...
M P :
Pour ma part, je suis toujours aussi fasciné par sa conduite de phrase, par son économie de moyens, et par le contrôle des sonorités. Mais rentrons un peu dans les détails.
Frédéric Gaussin :
Je trouve exceptionnels la tenue de sa main sur le clavier, la détente, le rôle des bras. La tradition est là.
Bertrand Boissard :
Une autre spécificité de ce pianiste est son attention portée au chant et une hyper expressivité qui est une des caractéristiques de son art.
M P :
Malgré son âge avancé, et les petits accidents que l'on ne peut manquer de remarquer, son aisance pianistique est confondante comme on peut le constater dès la mesure 14 où cette montée en quintes parallèles dans une nuance pianissimo n'est pas des plus aisées.
Frédéric Gaussin :
Il a une telle qualité de timbre et un tel sens du discours que l'essentiel n'est jamais noyé sous la masse du texte (mes. 30 et suivantes).
Bertrand Boissard :
Je tenais à indiquer également que ses aigus ne sont jamais clinquants, ses basses ne sont jamais énormes. Ce qui me marque c'est l'extrême clarté de ce qu'on entend et le fait que les moindres indications de Liszt soient respectées (dans le sempre legato e cantando mes.88).
M P :
Mais revenons un instant sur l'un des grands moments de cette interprétation, à savoir l'exposition du thème à la main gauche (mes. 44 et suivantes). J'ai rarement entendu une telle beauté de phrasé et une telle justesse dans la différenciation des plans sonores (entre les trémolos à la main droite et la main gauche).
Frédéric Gaussin :
Il y a une vraie élévation mystique dans son interprétation, qui est en phase avec le texte puisque Liszt cite l'Evangile selon Saint-Jean (passage en ré maj. mesure 144).
M P :
Ce qui saute aux yeux, c'est sa manière d'utiliser le poids du bras pour timbrer une note (appui expressif de la main gauche, 1er temps de la mesure 32 par exemple).
Bertrand Boissard :
Il donne le sentiment de malaxer de la glaise tant il est au contact du clavier.
Frédéric Gaussin :
C'est une chose qui est commune aux "descendants" de Liszt (De Greef, Sauer), l'articulation se fait à partir de la base du doigt qui repose constamment sur la pulpe.
Bertrand Boissard :
C'est un jeu qui ne connaît aucune démonstration extérieure de pure virtuosité, un jeu où la noblesse a toujours droit de cité. Cette noblesse, cette hauteur de vue, sont également en adéquation avec son attitude au piano.
Frédéric Gaussin :
Dans le brioso fff, quel sentiment de plénitude rayonnante...
M P :
C'est en quelque sorte l'antithèse de Richter...
Frédéric Gaussin :
On est vraiment en présence d'un phénomène vibratoire, le son se propage en ondes...